« Bonjour, je suis Lucile ! », « Bonjour, je suis Lucille aussi ! ». Deux Lucil-l-e qui se rencontrent, c’est rare, précieux. C’est comme ça qu’a commencé ma visite à la ferme de La Moutonnière, vendredi 25 mars à Sainte-Hélène de Chester (Québec). L’idée pour moi c’était d’avoir un aperçu de la vie à la ferme et de découvrir un peu la particularité de la brebis. Découvrez dans cet article la traite des brebis.
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La traite, une mécanique bien rodée
A la bergerie, le mouton et la brebis ne sont pas les seuls animaux que l’on rencontre. On trouve aussi quelques chiens.
>> Léa, disposant d’un calme inversement proportionnel à celui de n’importe quelle brebis
J’ai demandé à ce propos : « Les chiens c’est pour guider les animaux dans les prairies ? ». En fait, non, pas du tout : « Ils sont là pour faire fuir les coyotes lorsque les animaux sont dehors. On les met dans les enclos avec les brebis. » m’a expliqué Lucille (ils sont si efficaces que l’an passé, le troupeau n’a subi aucune perte !). Les moutons et les brebis sont des suiveurs (c’est bien connu), ils ne s’aventurent pas hors des sentiers battus. S’ils ne connaissent pas, ils n’y vont pas et « si tu veux les amener dans une pièce, il faut mieux que ça soit bien éclairé parce que dans le noir, un mouton n’avance pas ! ». Un animal peureux donc mais par contre, quand il connait, il fonce ! Et c’est particulièrement vrai quand il s’agit de manger.
La brebis mange vite, comme si elle avait peur qu’on vienne lui manger le foin dans sa mangeoire.
Contre exemple avec le lama, la force tranquille
Lulune est le lama de Lucille. Il lui a été offert pour son anniversaire par ses filles et son mari. Contrairement aux moutons, elle m’expliquait que le lama est beaucoup plus délicat. Il mange très très lentement, par petit portion. C’est aussi un animal très calme.
Pourquoi Lulune ? Richard me répond amusé : « parce que Lulu, c’est Lucille et quand je l’ai rencontrée, elle était un peu dans la lune alors son lama c’est Lulune ».
Revenons à nos moutons
Quel rapport entre la nourriture et la traite me direz-vous ? Et bien pour donner envie à ces dames de venir se faire traire, on leur donne du bon grain. Ça les met en confiance et ça les motive.
>> “Comment, ça n’a pas encore commencé ?!”
Les brebis vont aller se placer une par une. La première qui passera sa tête dans l’encoche, ouvrira la seconde et ainsi de suite… cela d’avoir une brebis par place bien comme il faut et cela sans avoir à toutes les placer.
Donc d’un côté nous avons les brebis tranquillement en train de manger.
De l’autre, nous disposons de leur arrière train pour pouvoir placer les gobelets trayeurs sur les trayons (les mamelles quoi).
Le tuyau à l’intérieur va imiter la succion de l’agneau.
Pour encore insister sur le fait que le mouton est un animal qui vit dans la précipitation, je pourrais ajouter une information qui m’a pas mal étonnée : la pulsation de la traite est quelque chose qui se règle et ce n’est pas la même qu’on soit sur une vache ou sur une brebis. Pour une vache nous sommes à 50 pulsations par minute alors que pour une brebis nous sommes plutôt autour de 160. Une sacrée différence.
Au final, une brebis se trait en 2 minutes environ. Toute cette mécanique imite au mieux la vitesse de l’agneau lorsqu’il tète sa mère. En fait, c’est dès son plus jeune âge que l’animal fait preuve de précipitation !
Une fois que c’est fini, Lucille retire les gobelets trayeurs et passe un petit coup de Chlorhexidine sur les trayons. Un désinfectant de couleur bleu qui permet d’éviter les infections car après la traite, le petit orifice met 45 minutes à se refermer complètement.
Après ça, on bloque les encoches de la mangeoire à grain et les brebis laissent leur tour aux suivantes, jusqu’à ce que tout le monde y soit passé.
Le lait part dans les tuyaux jusque dans une citerne. Notez que les tuyaux sont préalablement nettoyés par l’injection d’eau qui fait un aller-retour jusque dans les gobelets trayeurs juste avant le début de la traite.
Si c’est du colostrum, il est mis à part pour les agneaux. Si c’est du lait à fromage, il partira dans la citerne qui elle-même partira à la fromagerie pour affinage.
Ma visite s’arrête ici
Je suis allée très ignorante de la vie en bergerie bien que j’avais rapidement été faire un tour il y a 3 ans dans la ferme où travaillait une amie (avec des chèvres). J’ai beaucoup appris et ai pris conscience que cela demandait un travail considérable et une patience à toute épreuve de s’occuper d’un troupeau de brebis. Et encore, je n’ai vu qu’une petite partie de ce que représente la vie à la ferme ! Parfois je dis que j’aimerais avoir des moutons un jour. Je ne le dis pas très sérieusement mais pas trop en rigolant non plus. Disons que maintenant, j’ai en tête quelque chose d’un peu plus concret. Je comprends mieux la période de l’agnelage pour une ferme de bonne envergure ! L’expérience fut riche et j’ai hâte de poursuivre ce genre de découverte avec ma visite dans une ferme plus spécialisée dans la vente de la laine au mois d’avril.
J’aurais passé une bonne après-midi en compagnie de Lucille et son conjoint à Sainte-Hélène de Chester. Ils ont tous deux été d’un accueil des plus agréables et Lucille a été d’une grande générosité dans tout ce qu’elle a pu m’apprendre. Pour cela je les remercie vivement pour le temps qu’ils ont accepté de partager avec moi, avec gentillesse et bonne humeur.
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