« Bonjour, je suis Lucile ! », « Bonjour, je suis Lucille aussi ! ». Deux Lucil-l-e qui se rencontrent, c’est rare, précieux. C’est comme ça qu’a commencé ma visite à la ferme de La Moutonnière, vendredi 25 mars à Sainte-Hélène de Chester (Québec). L’idée pour moi c’était d’avoir un aperçu de la vie à la ferme et de découvrir un peu la particularité de la brebis. Découvrez dans cet article la naissance des agneaux.
Pour lire la première partie du reportage, cliquez ici
La période où naissent les agneaux
Ma visite est tombée à un moment particulièrement intéressant puisque c’est la période de l’agnelage. Après 5 mois de gestation de l’automne au printemps, les brebis vont mettre bas. 80 brebis ont été fécondées, elles donneront au total environ 120 agneaux. Il fait encore froid dehors, la neige est dans la prairie et le troupeau a pris congé dans la bergerie. Le moment n’est pas de tout repos, il faut traire les nouvelles mamans et, comme les animaux sont en bergerie, il faut les nourrir matin et soir. Cela signifie sortir les ballots de foin…
… et aller remplir les mangeoires de tout le troupeau.
Aujourd’hui, c’est Richard, le compagnon de Lucille, qui s’y colle en remplacement de la voisine qui travaille depuis peu à la bergerie.
>> si Richard porte un masque, c’est qu’il est allergique à la poussière de foin
En plus de devoir nourrir les grands, il faut apporter un soin constant aux plus jeunes et venir leur donner le biberon et les aider à téter dans les sceaux.
Lucille m’a expliqué que l’an passé, l’agnelage avait eu lieu plus tôt, en février. L’hiver avait été rude sur le Québec et devoir s’occuper des moutons, des brebis ET des agneaux avait été vraiment difficile. Alors pour cette année, en prévention, elle a décidé de retarder la fécondation des brebis. Cela est possible en jouant avec la lumière. D’une certaine façon, on prolonge la présence du soleil artificiellement dans la bergerie. C’est ce que fait une collègue qui lui fournit du lait lorsque ces brebis n’en ont plus afin de disposer de lait toute l’année pour faire du fromage frais.
Finalement, l’hiver fut doux sur les hauteurs de Sainte-Hélène-de-Chester. Malgré tout, le travail ne manque pas.
Le jour de ma visite, deux naissances avaient eu lieu le matin.
>> Les rubans autour du cou permettent de repérer les différents jours de naissance.
Les agneaux font un sacré boucan lorsqu’on est près d’eux et surtout lorsqu’ils nous entendent parler. Si on se tait, on ne les entend plus. Bref, ce sont des bébés quoi.
>> Bêêêêh
Une véritable logistique est à mettre en place au moment de l’agnelage et ce à la fois pour les agneaux mais aussi pour les brebis qui vont entrer dans la période de traite.
Les agneaux ne sont pas nourris directement aux mamelles : les brebis sont des peureuses qui aiment bien se reposer sur leurs habitudes. Si elles se sont fait traire par les machines tout de suite, elles iront de bon cœur les jours suivants. J’ai pu voir une brebis passer à la trayeuse pour la deuxième fois alors qu’elle avait d’abord nourri son agneau naturellement… Elle ne refusait pas de manger le grain mais donnait des coups de pattes en arrière lorsque Lucille attrapait ses mamelles. Donc, les agneaux sont nourris d’abord au biberon, puis dans des sceaux à pis lorsqu’ils comprennent un peu comment ça marche.
Pour corser un peu la mécanique, il faut savoir que la première semaine après avoir mis bas, la brebis donne un lait un peu particulier. Appelé le colostrum (hmmm !), ce lait est riche en vitamine A et en anticorps indispensables à l’agneau pour résister aux infections.
Il est exclusivement réservé aux agneaux. Il n’est pas bon pour le fromage. Aussi, il est primordial de récupérer le colostrum à part pour le réserver aux agneaux. Ces derniers ne naissant pas le même jour, il faut donc distinguer les brebis qui ont mis bas et depuis combien de temps pour que celles qui ont eu leur petit il y a une semaine passe du côté des brebis dont le lait servira au fromage. Les jeunes mamans partagent elles leur enclos et leur lait nourrira les petits.
>> Sur le devant, le box des jeunes agneaux, derrière l’enclos des jeunes mamans
Les agneaux nés il y a une semaine pourront commencer à manger du foin et du grain, ils sont alors placés avec les plus grands. Ils seront pleinement sevrés au bout d’un mois.
Pour aller plus loin
Ping : [De la fibre à la maille] La traite des brebis | Lucile | ateliers & designs
Ping : [De la fibre à la maille] La Moutonnière de Lucille | Lucile | ateliers & designs