Dans le cadre du #KALtricoton qu’on organise avec Marion du 11 mai au 8 juin 2017, je vous propose cet article pour découvrir la matière mise en lumière de notre événement, le coton. Il est très particulier en tout point et demande à ce que l’on prenne quelques précautions lorsqu’on le choisit pour tricoter un projet.
Le coton, qu’est-ce donc ?
Vous le savez bien, le coton est une fibre d’origine végétale naturelle à l’instar du lin. Les fibres végétales se distinguent des fibres animales au niveau de leur composition (en plus de trouver leur racine sur un terrain différent, bien sûr). Les fibres animales sont pleines de protéines, les fibres végétales, pleines de cellulose, la composition principale du bois et des plantes en générale.
Le coton connait à ce stade une première particularité, il produit la fibre végétale la plus pure en cellulose car cette dernière peut représenter 95% de sa composition (les 5% restants sont en fait eau, cire, graisse et matières minérales). Pour le lin c’est entre 70 et 80% de cellulose.
De plus, la plupart des fibres végétales sont issues de la tige de la plante (lin, chanvre, jute, …) mais pour le coton, ce n’est pas le cas. Tout le monde a bien en tête les petites boules nuageuses en haut des tiges : et bien ce petit paquet de fibres est en fait la poche où se trouvent les graines de la plante. C’est cela que l’on ramasse, on démêle, on nettoie, on carde, on étire et enfin on file. C’est la seule fibre végétale filée issue des poils séminaux (aka la “boule nuageuse”).
Le fil de coton, quelles particularités ?
En plus d’être particulièrement doux voire hypoallergénique pour beaucoup de qualités que l’on peut se procurer sur le marché, il s’agit d’un fil unique en son genre à bien des égards.
Résistance, élasticité et poids
Le coton est un fil réputé comme très résistant, c’est pour ça qu’on l’utilise souvent pour le linge de maison par exemple. Par contre, qui dit résistant dit manque cruelle d’élasticité. On ne peut pas tout avoir ! En plus, c’est un fil qui pèse un peu plus lourd que les fibres animales ou les fibres synthétiques.
Résistance dans le temps et réaction à l’eau
Si le fil de coton est résistant, il est une particularité qu’on lui reconnait toute fois c’est celle de se détendre au fil du temps. Comme la fibre n’est pas élastique, ce n’est pas un effet réversible. Clara Parks dit qu’on accorde souvent au fil de coton soit la propriété de s’allonger avec le temps, soit celle de rétrécir au lavage. Pour elle, “la vérité se situe entre les deux” . En effet, avec le temps, quoi qu’il arrive, la fibre s’allongera (plus ou moins selon le traitement que vous lui réservez, le poids de votre projet ou la qualité de votre fil). Pourtant, l’eau a bien pour action de recontracter la fibre du coton mais cet effet n’est pas éternel.
Pour ralentir la destinée tragique de notre fil, on pourra le laver et observer un resserrage de la fibre. Mais ne vous méprenez pas, à force de lavage la fibre perdra sa capacité à se resserrer sous l’effet de l’eau et du séchage. En tout cas, si vous souhaitez vous tricoter un petit quelque-chose en coton, je vous ai mis quelques conseils plus bas pour éviter de subir avec trop de violence l’inévitable déterminisme que nous impose a priori cette douce fibre végétale. Notez déjà que le coton est capable d’absorber jusqu’à 20 fois son poids en eau, qu’il sèche bien mais comme c’est une fibre dense cela peu prendre un peu de temps. Alors surtout, on n’oublie pas de faire sécher son ouvrage à plat histoire de ne pas accélérer sa détente de façon drastique sous le poids de l’eau. Ainsi, tout se passera bien !
La fibre des beaux jours
La fibre animale a tendance à garder la chaleur près du corps tandis que la fibre végétale l’en éloigne (Clara Parks). Tout est dit ! Le coton est fait pour les températures douces. Et on pense tout aussi bien aux projets qu’au simple fait de tricoter (Avez-vous déjà tricoté de l’alpaga par 30°C, les mains moites ralentissant le glissement des mailles sur vos aiguilles ? Vous avez compris). La fibre de coton est un bon conducteur de chaleur, cela signifie que la chaleur de votre corps (plus élevée que l’extérieur) est conduite à l’extérieur de votre petit haut de coton et vous laisse une sensation de frais sur la peau. La fibre animale, elle, maintient la chaleur sous les mailles.
Fragilités
Comme toutes fibres naturelles, le coton est sensible aux insectes comme les mites mais moins que les fibres animales (elles raffolent des protéines). Son pire ennemi, c’est la moisissure. Alors on range ses projets au sec !
Précautions à prendre avant de commencer un projet tricot (ou crochet) en coton
Avec tout ce que nous venons d’apprendre sur le coton, voici quelques points à avoir en tête au moment de se lancer dans un projet et en particulier si vous choisissez un patron prévu pour un fil issu du monde animal :
- Comme le coton n’est pas élastique, faites attention à ne pas choisir un projet trop près du corps pour ce qui est des vêtements. Gardez un peu d’aisance pour ne pas rester coincé dans votre habit (rien de pire que de ne pas pouvoir plier les bras dans un gilet *instant vécu*)
- Pour compléter le premier point : la fibre s’allongeant avec le temps, ne choisissez pas non plus une taille trop large si vous vous tricotez un vêtement, histoire que dans 10 ans ça continue à ressembler à quelque-chose.
- Certaines qualités gagnent légèrement en élasticité si le fil comporte plusieurs ply dans son tordage : plus il y a de ply, plus il y a d’élasticité (ne pas s’attendre à un miracle non plus). Cela a cependant deux conséquences fâcheuses. La première : c’est que ça pèse tous ces ply ! La seconde, cette élasticité peut faire réagir le tissu (c’est-à-dire la texture finale une fois votre fil tricoté) et lui donner une inclinaison en biais. On vérifie cela au moment de l’échantillon en jersey une fois bloqué à l’eau et séché. Si votre qualité de fil a tendance à partir en biais, il sera bon de l’utiliser sur un patron qui inclut des alternances de mailles endroits et envers (point mousse, de blé, de riz) sur l’ensemble du projet ou en partie pour absorber l’effet de biais. Cela évitera que votre projet parte de travers une fois terminé. Bonne nouvelle !
- Le coton étant une fibre dense donc lourde et qui en plus a tendance à se détendre avec le temps, on évite de choisir un patron qui va demander une forte densité de fil : mailles très serrées, un projet bourré de textures gourmandes en fil comme les nupps, les torsades ou le point brioche. Préférez un projet léger et aéré (ça tombe bien, c’est plutôt pour l’été !). Une dentelle semble plutôt adéquat (mais surtout… pas de nupps !).
- Enfin, si on décide de tricoter en coton un projet fait pour la laine, il faudra bien avoir conscience que le poids n’est pas le même. Donc il faudra plutôt faire attention au métrage demandé qu’au poids. Pour ce qui est de l’épaisseur du fil, cela dépend du rendu désiré mais il faut toujours avoir à l’esprit que plus le fil est épais, plus le projet sera lourd et donc risque de se détendre plus et plus vite.
Pour ma part, je vais faire le Prairie Fire de Tin Can Knits avec le Willet de Quince & Co. Le projet demande du DK en fibre mérinos, la Willet est un sport/DK en coton. Cela semble un bon compromis.
Ce KAL est l’occasion pour moi de découvrir de plus près les réactions du coton. Je ferai un article spécialement dédié à mon projet pour décrire ce que je mets en place et faire part de mes observations et les vôtres ! On verra si la théorie se retrouve en pratique 🙂
Mes sources pour cette article :
- The Knitter’s Book of Yarn, Clara Parks
- Fibres, Fils, Tissus, De l’artisanat à l’industrie, Martine Parcineau
- Tout sur les fibres textiles, Coats
- Choisir son fil, Maud design
Le #KALtricoton sur les réseaux sociaux et sur le forum Ravelry de L’OisiveThé !
– du 11 mai au 8 juin 2017 –
